C’est un dispositif formidable qui doit rester un modèle pour les autres pays. La France s’est battue pour défendre l’idée que la culture n’était pas un bien marchand. Le concept d’exception culturelle a commencé à émerger lors des accords internationaux de libre-échange du premier AGETAC (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) en 1947. La France a admirablement mené sa stratégie de résistance en permettant aux États de déterminer leur propre politique culturelle. 

Il existe dans l’Hexagone un système de financement de la culture très sophistiqué, qui repose en grande partie sur l’argent public. Certains diront qu’il s’agit d’un système « byzantin ». Dans le domaine du cinéma, l’argent des aides provient essentiellement des taxes sur les tickets, des recettes en salle ou encore des chaînes de télévision. Pour être schématique, le financement se répartit entre l’avance sur recettes (l’aide sélective), et l’aide automatique, destinée aux producteurs. Cette dernière est versée proportionnellement au succès des films qu’ils ont produits. C’est le paradoxe de ce fonctionnement qui soutient les grands circuits tout en apportant une aide aux indépendants. Autre originalité : la symbiose entre l’État et les professionnels du cinéma. Ces derniers étaient présents pendant les négociations de l’AGETAC en 1994.

C’est un système unique et très complexe à reproduire. Des pays comme l’Argentine, le Brésil, le Mexique et même la Corée du Sud l’ont étudié ou s’en sont inspirés. Le Canada a lutté aux côtés de la France pour l’adoption de la convention de l’Unesco sur la promotion et la diversité des expressions culturelles (2005). D’ailleurs, aujourd’hui l’expression « diversité culturelle » a remplacé celle d’exception culturelle. Cette dernière formulation a pu être interprétée comme une manière pour la France de faire valoir la supériorité de sa culture. Or elle traduit plus généralement la sauvegarde des intérêts nationaux. 

Le cinéma a toujours été perçu comme un art dans l’Hexagone. Il suffit de constater le rôle des Cahiers du cinéma dans les années 1950 ! Une revue qui a également démontré le caractère artistique du cinéma américain. La notion de cinéma d’auteur a été inventée en France. 

Propos recueillis par ELSA DELAUNAY

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