Immédiatement après l’élection présidentielle de mai 2022, NKM avait demandé à son staff de lui organiser une tournée en Afrique. La nouvelle présidente, en tenue d’officier, s’était fendue d’un rire homérique quand on lui avait suggéré de se rendre plutôt à Berlin. Pointant N’Djamena sur le planisphère, elle avait cinglé : « Le nouvel ordre mondial passe par le Tchad ! » Il est vrai que les victoires successives des forces françaises dans le Sahel avaient bouleversé la donne.

NKM avait invité des écrivains et quelques people. Improvisée en vingt-quatre heures, cette tournée sur le front prenait l’allure d’une visite d’État. Seuls Valérie Trierweiler, boudeuse et impériale, et Michel Houellebecq, avec sa petite bouteille d’oxygène pour alimenter son appareil respiratoire, donnaient une note mélancolique à cette caravane. Le professeur Gilles Kepel, conseiller spécial à l’Élysée, multipliait les points de presse avec compétence.

Le plus étonnant avait été la rapidité du reflux de l’islamo-­fascisme sur ces terres à partir de 2020. Partout, des juntes militaires s’étaient implantées. Les présidents, formés en France et aux États-Unis, avaient opté pour la laïcité. Le voile et le boubou étaient interdits. La polygamie tout juste tolérée. Le clou de la visite fut la minute de silence devant le mémorial dédié aux 300 000 victimes de Boko Haram. Spontanément, NKM se mit à genoux. Houellebecq, légèrement en retrait, considérait rêveusement la scène. 

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