Comment serrer les freins tout en lâchant du lest ? En juillet 2010, Christine Lagarde, ministre de l’Économie, avait dû faire preuve d’imagination. La rigueur lui paraissait nécessaire, mais il ne fallait surtout pas employer ce terme qui était tabou. Quant à la relance, réclamée de divers côtés, elle devait être contenue dans des limites raisonnables. La future directrice du Fonds monétaire international eut alors une illumination : combinant rigueur et relance, elle proposa la rilance

Mais personne ne lui fit écho, à part quelques humoristes. Ce mot-valise disparut aussi vite qu’il était apparu.

Est-ce une raison suffisante pour renoncer à enrichir la langue de bois ? Rappelons-nous qu’en décembre 1999, alors qu’il était Premier ministre, Lionel Jospin avait affirmé : « Je suis un austère qui se marre. » Une synthèse personnelle aussi réussie mériterait certainement d’être étendue à l’ensemble de l’Union européenne. Réunir une politique d’austérité à une joyeuse insouciance résoudrait la quadrature du cercle et réconcilierait tout le monde.

On a besoin cependant d’un slogan mobilisateur, d’un mot nouveau qui claque comme un drapeau et incarne ce compromis historique. Austérigolade ne fait pas très sérieux. L’austérikiki a l’avantage de réduire la politique de rigueur à sa plus simple expression, mais manque un peu d’ambition. Plus intéressante est l’austé­ristourne, car elle suggère une remise de dettes et ouvre la voie à l’austérichesse. Mais peut-être faudrait-il arrêter là pour ne pas sombrer dans l’austéridicule. 

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