Il y a quelque impudence à évoquer un engin qu’on n’a jamais vu, hormis de façon furtive dans quelques sujets télévisés peuplés de grands enfants et de stratèges ou à l’étalage de marchands de joujoux. Ce qui frappe dans le drone, à part qu’il peut frapper dur et précis, c’est son nom. Sans vouloir empiéter sur la chronique du dessus, avouez que c’est un drôle de blase. Je suis sûr qu’il aurait inspiré notre Prévert national et si peu nationaliste, mais assez surréaliste, dans la veine de son poème de l’ange et de l’âne. Souvenez-vous de ce délice à l’oreille, pareil au frôlement d’un faux bourdon : « Être ange C’est étrange Dit l’ange Être âne C’est étrâne Dit l’âne »… Dans ce dialogue de la terre et du ciel, le drone a choisi son camp : il envoie au ciel ceux qui sont à terre. On pourrait dire que le drone a du sang sur les mains, sauf qu’il n’a pas de mains, ou alors si lointaines que nul n’en voit l’empreinte. Le drone est l’arme dernier cri du crime parfait, un amour de mort prodiguée à distance, dispensée de mot d’excuse, ni vu ni connu. C’est étrâne, dit l’âne. Drone de drame, répond le drone. Dire qu’il sera le cadeau le plus offert à Noël, voilà qui donne un coup derrière les ailes des anges. Décidément cette chronique n’est pas drone du tout. 

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