Accusé d’opportunisme, le regretté Edgar Faure avait joliment zozoté : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. » Au-delà de l’humour et du cynisme, ce pilier de la IVe République, redevenu ministre sous la Ve, énonçait une vérité : l’immobilité est parfois intenable, et même absurde, dans une société qui évolue. ­Combien d’élus de gauche ou de droite auraient seulement imaginé, il y a quinze ou vingt ans, qu’ils approuveraient un jour le mariage pour tous ? La cohérence et la crédibilité ne signifient pas nécessairement s’arcbouter à ses positions. Il arrive aussi que l’on change d’orientation pour rester fidèle à ses principes.

N’accablons donc pas les girouettes. Et ne les mettons pas toutes dans le même sac. Comme l’écrivait déjà en 1815 un certain Proisy d’Eppe à propos de la versatilité de ses contemporains, « il y a girouette et girouette ». Il ne faudrait pas confondre celle qui tourne au moindre vent et celle, ferme sur son axe, qui est contrainte de céder à une tempête. Un changement de cap n’est pas forcément un retournement de veste.

Logiquement, les Français devraient être indulgents pour les girouettes, eux qui ne tiennent plus en place. Le zapping règne désormais dans tous les domaines. Le temps est à l’infidélité et au vagabondage. Changer son fusil d’épaule devient monnaie courante, et c’est vrai dans les urnes comme pour le reste : déçu, un protestataire d’extrême gauche peut très bien se retrouver à l’extrême droite. Le coq gaulois, ballotté par les vents de la mondialisation, aurait-il perdu le nord ? 

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