Au pays des droits de l’homme et de l’animal, il est normal de se soucier des chiens, des chats ou des chevaux. Mais est-ce une raison de négliger les grands fauves ? N’avons-nous pas aussi à défendre les Sarkozy, les Copé, les Montebourg, les Royal ou les Aubry ? 

Les dents longues et la peau dure de nos animaux politiques cachent souvent un cœur labouré d’inquiétude. Ce sont des êtres sensibles, attirés par la lumière comme des papillons, mais que les flashes éblouissent. On aimerait parfois se mettre à leur place, grâce aux petites caméras « embarquées » des zoologistes : fixées sur la tête d’un félin ou à la dorsale d’un requin, elles permettent d’étudier ses mouvements, de mesurer sa vitesse, d’enregistrer les sons qu’il émet et de voir en quelque sorte avec ses yeux.

Nos animaux politiques ont peut-être le défaut de noyer le poisson, de faire l’autruche ou de verser des larmes de crocodile. Ils ne méritent pas pour autant d’avaler tant de couleuvres et d’être d’éternels boucs émissaires. Laissons-les pousser de temps en temps un cocorico. 

Virtuoses de la langue de bois, pourquoi seraient-ils contraints d’appeler un chat un chat ? Éléphants socialistes ou jeunes loups de droite, ils craignent d’être enfermés dans le cirque médiatique et de devenir les dindons de la farce. Ils demandent le respect de leur vie privée, quand ils n’en sont pas les metteurs en scène. Ils réclament surtout le droit d’oublier leurs promesses, de suivre l’air du temps, de changer de couleur selon les circonstances : le droit élémentaire et imprescriptible d’être caméléon.

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