La révolution digitale est en train de chambouler les codes masculins du monde de l’entreprise en offrant de nouvelles possibilités aux femmes, sous réserve que l’on impose certaines règles. Chez Microsoft, je m’assure toujours qu’aucune réunion de groupe n’a lieu avant 9 h 30 ou après 18 heures, et j’encourage les managers à ne pas envoyer de mails tard le soir ou le week-end. Cela ne signifie pas que nous ne puissions pas gérer des urgences. L’idée est que les mères ne soient pas forcées de rester branchées à leurs Smartphones le samedi lorsqu’elles emmènent leurs enfants au parc. Ces règles, qui ont pour but de mieux équilibrer la vie professionnelle et privée des femmes, sont appliquées à tous les salariés. Depuis, l’entreprise est parvenue à un équilibre de fonctionnement plus vertueux. 

Aujourd’hui, les femmes représentent environ 30 % de la masse salariale chez Microsoft. Je constate qu’il est très difficile de recruter des femmes pour des postes centrés sur la technologie, car peu choisissent de s’inscrire en école d’ingénieurs. Les stéréotypes restent très présents, particulièrement dans l’esprit des femmes. Elles n’osent pas se diriger vers ce genre de carrière. Et le peu de femmes qui finissent par se lancer pensent souvent ne pas être à la hauteur. C’est pourquoi nous avons développé le cross-monitoring, qui consiste à former des petits groupes pour travailler par exemple sur la prise de parole en public. Il s’agit d’une technique déjà très pratiquée dans nos équipes aux États-Unis. Je les encourage aussi à être extrêmement explicites quant à leurs choix professionnels. Beaucoup de femmes sont victimes de ce que j’appelle le « syndrome du cadeau de Noël » : elles envoient des messages subliminaux à leurs managers dans l’espoir de faire comprendre ce qu’elles souhaitent, plutôt que de le déclarer clairement. 

Propos recueillis par MANON PAULIC

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