Pourquoi avoir eu envie de centrer votre travail sur les femmes ?

Mon intention était de mettre en valeur leur dignité. Les femmes occupent un rôle essentiel dans les sociétés, mais elles sont aussi les principales victimes des guerres, des crimes, des viols ou des fanatismes politiques et religieux. Le résultat est un projet fait de beaucoup d’images et de peu de mots. Je n’ai pas essayé de comprendre les raisons ni les protagonistes des conflits. J’ai observé les femmes et j’ai compris qu’elles voulaient partager leur douleur pour guérir leurs blessures. J’ai pris des photos et nous les avons collées dans un endroit où elles avaient un sens. On s’est adaptés à l’environnement dans cet univers où les toits des maisons sont en plastique et les revolvers des enfants en acier.

En quoi ces femmes bousculent-elles le monde des hommes ?

En voyageant dans ces endroits que je connaissais principalement par les médias, j’ai pris conscience que même si les hommes contrôlaient les rues, les femmes étaient les vrais piliers de leurs communautés. C’est pour cette raison que le projet repose principalement sur des collages dans la rue, le plus souvent réalisés avec l’aide des hommes eux-mêmes. Je me souviens m’être souvent retrouvé dans des situations comme au Liberia, où les ex-rebelles collaient des portraits de femmes qu’ils avaient eux-mêmes violées, sur les ruines de la ville qu’ils avaient pillée. Seul l’art peut permettre de telles situations.

Y a-t-il une ou plusieurs femmes que vous gardez particulièrement en mémoire ?

Rosiete, le personnage principal du film Women Are Heroes, s’est particulièrement impliquée dans la réussite du projet dans la favela de Morro da Providência, à Rio de Janeiro. Elle cuisinait tous les jours pour nous. Nous l’avons fait venir à Paris à l’occasion du vernissage de l’exposition pour qu’elle cuisine pour les visiteurs ! Son voyage à Paris l’a autant transformée que le nôtre dans sa favela. 

Propos recueillis par MANON PAULIC

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