Tout récemment, on a commencé à prendre conscience que la marginalisation des femmes parmi les cadres dirigeants était problématique. En 2001, quand la bulle des nouvelles technologies a explosé, le Quarterly Journal of Economics a publié un article intitulé « Boys Will Be Boys : Gender, Overconfidence, and Common Stock Investment » (Les mauvais garçons : arrogance masculine et investissements en Bourse). Deux chercheurs de l’université de Californie ont comparé les investissements boursiers réalisés par les hommes et par les femmes d’affaires sur une période de six ans. Dans cette population, les hommes investissent bien plus que les femmes parce qu’ils se fient excessivement à leurs propres jugements. Les investissements des hommes célibataires, en particulier, sont supérieurs de 67 % à ceux des femmes célibataires. Or tous les modèles économiques montrent que cette arrogance augmente la prise de risque et fait chuter les bénéfices. 

Quelques années plus tard, les marchés financiers allaient l’apprendre à leurs dépens : plus il y a de femmes, moins on prend de risques inutiles. Les qualités jusqu’alors célébrées par la Bourse (réactivité, confiance en soi) sont devenues des vices. Parallèlement, des traits de caractère traditionnellement associés au sexe faible (hésitation, demande de conseils) se sont avérés indispensables à la survie. Les scientifiques ont même étudié les rapports entre la testostérone et la prise de risque excessive, pour déterminer si les hommes s’incitaient mutuellement à prendre des décisions irréfléchies. À ce jour, on n’a pas pu établir avec certitude si la testostérone influe sur les décisions des hommes d’affaires. Les conclusions de ces travaux ont tout de même renversé bien des clichés : l’irrationnel et l’émotionnel, c’est le domaine des hommes ; le sang-froid et la lucidité, celui des femmes. 

The End of Men, Voici venu le temps des femmes, traduit de l’anglais (américain) par Myriam Dennehy

© Hanna Rosin, 2012 © Éditions Autrement, 2013 

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