Le virus Ebola ne doit pas sa notoriété au nombre de ses victimes. Aux dernières nouvelles, l’Organisation mondiale de la santé recense 13 703 personnes infectées par le virus, dont 4 922 décès, depuis le début de la flambée qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest (dont les premiers cas ont été notifiés en mars 2014). Depuis sa découverte en 1976, Ebola serait responsable de 1 590 décès supplémentaires.

À ce stade, Ebola n’est qu’une goutte dans l’océan des 6,5 millions de décès attribués chaque année dans le monde à une maladie infectieuse ou parasitaire. En 2012, avec ses 1,5 million de victimes, le sida a fait en une année 230 fois plus de morts que le virus Ebola depuis son apparition. La même année, les infections respiratoires apparentées aux pneumonies et les maladies diarrhéiques ont emporté respectivement 3,1 millions et 1,5 million de personnes, et la tuberculose a approché le million de victimes.

Ce n’est pas non plus l’expansion du virus Ebola qui le singularise : d’après les projections de l’OMS, les nombres de victimes des pneumonies, du sida et des maladies diarrhéiques vont continuer à croître dans les prochaines décennies, même si la tuberculose devrait régresser.

Perceptibles aussi bien dans les médias que dans la communauté médicale, les inquiétudes autour d’Ebola ne procèdent donc pas d’une appréhension purement quantitative du phénomène. De fait, l’évaluation d’un risque ne peut se limiter à l’examen de la probabilité de sa réalisation. Il faut également prendre en compte sa gravité : un risque ayant une faible chance de se réaliser, mais aux conséquences très destructrices attire autant (ou plus) notre attention qu’un risque plus susceptible de se réaliser, mais aux conséquences plus bénignes.

Le taux de mortalité très élevé atteint par le virus Ebola, l’absence de vaccin efficace, sa grande contagion et sa mobilité géographique avérées conduisent à reconsidérer la gravité du phénomène, malgré sa relative rareté.

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