Les flux mondiaux de traductions littéraires donnent des indications sur l’influence d’une langue. La seule bibliographie internationale des traductions disponible est tenue par l’UNESCO : créé en 1932 et libre d’accès depuis 1979, l’Index Translationum est un répertoire des ouvrages traduits dans le monde.

Cet outil fait l’objet de critiques : la qualité de la collecte des informations est dépendante de la bonne volonté des États et de leurs bibliothèques nationales, et la définition de ce qui fait un « livre » n’est pas clairement établie. L’Index est pourtant la seule initiative internationale qui permette d’observer comment les langues voyagent.

Ce répertoire identifie clairement l’anglais comme la langue la plus traduite dans le monde, des années 1980 aux années 2000 – période sur laquelle porte notre analyse. Dans ce classement, le français occupe une place stable : la troisième. Mais les écarts se creusent : par rapport au français, les traductions depuis l’anglais étaient quatre fois plus nombreuses dans les années 1980, elles sont sept fois plus nombreuses dans les années 2000.

De fait, le français n’a pu conserver sa troisième place que grâce à -l’effondrement du russe, deuxième langue dans les années 1980, passée à la septième dans les années 2000. C’est l’allemand qui, au milieu des années 1990, a ravi au français la deuxième place de ce classement, avec une progression deux fois plus rapide du nombre de ses livres traduits depuis les années 1980.

Dans le même temps, le français est devenu la première langue vers laquelle on traduit, avec un volume de traductions qui a presque triplé depuis les années 1980. Accompagnant cette poussée, le nombre de traductions de l’anglais vers le français a lui aussi triplé et devient le premier flux de traductions d’une langue vers une autre dans le monde.

Dans ces échanges, le français reste donc une langue importante, à l’export comme à l’import. Mais celle-ci tend à être distancée par l’anglais, qui réussit à conforter toujours plus sa centralité depuis trois décennies au moins. 

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