Un prisonnier ayant purgé sa peine est libéré, et on n’en parle plus. Mais, nous, pauvres confinés, nous n’avons droit qu’à un déconfinement par étapes. Et si, par malheur, ce virus assoupi avait la mauvaise idée de ressurgir, nous serions reconfinés, en attendant un redéconfinement.

Les dictionnaires font régulièrement du ménage : faute de place, ils éliminent des termes tombés en désuétude pour en accueillir de nouveaux. Le mot confinité a disparu ainsi des bibles de la langue, et c’est bien dommage. Car il s’oppose diamétralement à notre vilain confinement. Le vieux Littré en donne la définition suivante : « La condition de deux pays qui se touchent. » Au sens figuré, c’est le fait d’être très proche de quelqu’un. Un mot qui rime avec affinité et convivialité, pas avec confinement et distanciation.

L’obligation de rester chez soi en raison du Covid-19 n’a pas été insupportable à tout le monde. Dans certains quartiers, elle a permis de redécouvrir les charmes du confinage : encore un mot disparu des dictionnaires et qui signifiait voisinage. Entre deux séances de télétravail ou d’école à la maison, avant ou après les applaudissements de 20 heures, on a fait un peu mieux connaissance, sur les pas des portes, d’un balcon à l’autre, ou à travers les palissades des jardins. On a échangé des impressions, débattu de l’attitude des autorités sanitaires et politiques, partagé des inquiétudes sur la réouverture des classes ou l’entassement dans les transports en commun. On a pris plaisir à la confinité, en espérant que le déconfinement ne serait pas une déconfiture. 

 

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