Dans nos moments de paix, contents, nous caressons
En rêve plus d’un fier projet inincarné,
Mais avant de donner forme, de créer vie qui palpite,
Que de choses différentes doivent se rencontrer et s’unir !
Une flamme pour fondre – et un vent pour geler,
Une patience contristée – des énergies pleines de liesse ;
De l’humilité – mais aussi de l’orgueil mêlé de dédain ;
De l’instinct avec de l’étude – de l’amour avec de la haine ;
De l’audace avec du respect : voilà tout ce qui doit s’unir
Et se fondre, Jacob, avec ton cœur mystique
Pour lutter avec l’ange : l’Art.

Traduit par Pierre Leyris dans son Esquisse d’une anthologie de la poésie américaine du XIXe siècle
© Éditions Gallimard, 1995

 

Le capitaine Achab combat Moby Dick comme on lutte avec une idée. Ainsi, le baleinier Herman Melville devint romancier, connut le succès, puis l’oubli. À la fin de sa vie, il privilégiait la poésie, et publia ces vers l’année de sa mort. Semblant dire à l’ange de l’Art : « Je ne te lâcherai pas, que tu ne m’aies béni. »  

 

 

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