On ne doit pas être étonné de l’empressement avec lequel les prophètes de l’effondrement et les vendeurs de dictature verte se précipitent pour exiger un nouveau monde conforme à leurs souhaits. Les guerres ont toujours eu leurs lots de profiteurs. Les minorités actives qui rêvent d’être nos nouveaux maîtres y voient une aubaine et donnent de la voix. L’épidémie est certes liée à l’accroissement démographique des êtres humains, qui change les écosystèmes et favorise le contact avec de nouveaux virus provenant du monde animal. Il faudra évidemment accentuer nos efforts pour que notre modèle de développement soit plus respectueux de la biodiversité. Mais l’épidémie est surtout l’occasion de réaliser les vertus de notre système et les objectifs que nous devons continuer à poursuivre.

Les institutions politiques ont d’abord placé la vie humaine avant les considérations économiques : une décision que nous n’aurions pas prise il y a quelques décennies. Les épidémies ravagent le monde depuis des dizaines de milliers d’années. Avec sa très faible létalité, le Covid-19 semble bien modeste (elle approcherait les 0,66 %, contre 100 % pour la rage et 80 % pour le VIH). En 1969, la grippe avait tué 30 000 Français (un million à l’échelle du globe) sans que cela n’émeuve grand monde. En 2020, l’économie a été sacrifiée pour sauver quelques vies : voilà qui devrait montrer combien, contrairement à un poncif, nous vivons dans le monde le plus respectueux de la vie humaine qui ait jamais existé.

Ensuite, la crise économique d’une gravité sans précédent qui s’annonce montrera de façon très concrète et douloureuse les impasses de la décroissance pour ceux qui étaient tentés par l’expérience. C’est l’occasion de rappeler quel doit être notre objectif : continuer à bâtir un monde de prospérité partagée où tous auront accès à ces « capabilités de base » dont parle Amartya Sen : se nourrir, s’éduquer, se déplacer, participer à la vie politique, etc. Depuis le début de la pandémie, le libéralisme économique fait figure de l’âne de la fable « Les animaux malades de la peste ». Il est évident qu’un monde hyperconnecté est un monde où les maladies circulent plus. Un inconvénient largement compensé par les avantages des échanges internationaux et que des règles sanitaires plus strictes devraient pouvoir maîtriser. Il faut le répéter, aucun modèle de développement n’a égalé, même de très loin, l’extraordinaire capacité de l’économie de marché à élever le bien-être d’humains toujours plus nombreux et à accompagner un développement inouï des sciences. C’est de ces dernières que nous attendons les solutions à la crise. Tel est le sens de la civilisation qu’il faut réaffirmer : faire obstacle à la loi aveugle de la nature pour protéger les plus faibles.

La crise aura malgré tout donné des leçons que nous ne devons pas oublier. La puissance publique a montré ses limites : faillite de la planification, mensonges éhontés, lourdeurs administratives qui freinent les adaptations. La comparaison avec nos voisins à l’organisation plus rationnelle est particulièrement cruelle. Nous avons pu une nouvelle fois mesurer l’efficacité des décisions prises au plus près du terrain, de l’initiative privée, de l’engagement des acteurs dès lors qu’on les libère des carcans bureaucratiques. L’État devra se remettre en cause. Demain, il faudra le rebâtir à partir du principe de subsidiarité des décisions, supprimer les strates administratives inutiles et recentrer l’action publique sur ses tâches régaliennes. S’il renonce à vouloir notre bonheur en s’improvisant directeur de conscience, il trouvera peut-être l’énergie suffisante pour préserver notre souveraineté mise à mal. 

 

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