Hommage à Kenneth Koch

Si je faisais ma Lessive je laverais mon Iran crasseux
J’y plongerais mes États-Unis et verserais du détergent Ivoire, brosserais l’Afrique, rapatrierais tous les oiseaux et les éléphants dans la jungle,
Je laverais l’Amazone et absorberais le pétrole de la mer des Caraïbes & du Golfe du Mexique
Frotterais le smog du Pôle Nord, effacerais tous les pipe-lines d’Alaska,
Frotterais la mi ré Rocky Flats et Los Alamos, purgerais le Canal de l’Amour de ses éclats de Césium
Rincerais les Pluies Acides du Parthénon & du Sphinx, Filtrerais la Vase du Bassin méditerranéen pour lui rendre son azur,
Remettrais du bleu dans le ciel sur le Rhin, décolorerais les petits Nuages pour que la neige redevienne blanche comme neige,
Nettoierais l’Hudson la Tamise & le Neckar, Écumerais l’eau savonneuse du Lac Érié
Puis je mettrais l’immense Asie dans une grande lessive, en épongerais le sang & les Défoliants,
Je jetterais tout le fatras de la Russie et de la Chine dans l’essoreuse, et éliminerais la Tache grise des U.S.A. dans les États Policiers d’Amérique Centrale,
& je mettrais la planète dans le séchoir pendant vingt minutes ou un Éon jusqu’à ce qu’elle en ressorte toute propre.

Boulder, 26 avril 1980

Poèmes (édition bilingue), traduit de l’anglais par Claude Pélieu et Mary Beach, et par Yves Le Pellec et Françoise Bourbon
© Christian Bourgois éditeur, 2012, pour la traduction française

Le Grand Confinement nous rappelle, avec John Donne, que « nul homme n’est une île ». Alors pourquoi ne pas rapporter à domicile les problèmes du monde, comme nous y invite le poète américain Allen Ginsberg ? Quitte à mettre les millions d’années d’un éon pour nettoyer notre Terre. 

 

 

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