Personne n’y échappe. Même Boris Johnson l’a attrapé. Le Covid-19 est un virus démocratique.

– Vous plaisantez ! L’épidémie révèle les inégalités, et même elle les accentue.

– De quelles inégalités parle-t-on ? Les différences entre citoyens d’un même pays ne se réduisent pas aux écarts de revenus. Elles tiennent à trente-six facteurs : la richesse, l’emploi, l’exposition au risque de contamination, l’habitat, le lieu de résidence, l’âge, le sexe, la situation familiale, le niveau d’études, l’origine ethnoculturelle, l’environnement social… Face au Covid-19, vaut-il mieux être riche et en mauvaise santé ou pauvre et bien portant ?

– Je ne me pose pas ce genre de questions.

– Il y en a d’autres, pourtant. Dans les circonstances présentes, qui est le plus à l’abri : un SDF de 30 ans ou un grand vieillard en Ehpad ? Qu’y a-t-il de plus pénible : vivre dans un trois-pièces sombre et être heureux en couple ou être bien logé et en guerre contre son conjoint ? Devoir s’occuper seul de trois enfants en bas âge ou être complètement isolé, sans parents ni amis ?

– Vous mélangez tout…

– Vaut-il mieux être retenu pendant des semaines sur un bateau de croisière infecté ou détenu en prison dans une cellule individuelle ? En pleine épidémie, est-il plus agréable de télétravailler en HLM ou de quitter chaque matin sa maison avec jardin pour enfiler blouse, masque et gants de protection dans un service de réanimation ?

– Des personnes placées dans la même situation vous donneraient des réponses différentes.

– Sans doute. Le confinement est une aventure personnelle. Nos identités ne sont pas identiques. Nous ne sommes même pas égaux dans l’inégalité. 

 

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