« Qui est Apollon ? » – question d’un étudiant
Comment connaître son histoire
Si l’on ignore celle des autres ? Quand Pasteur,
Au milieu des railleries de l’Institut,
Entendit qu’on niait la cause de la fièvre puerpérale,
Indigné, il dessina sur le tableau noir,
Preuve visible, la chaîne du streptocoque.
Son esprit, tel Ulysse et Platon,
Explorait un cosmos nouveau dans l’ancien
Comme s’il écrivait un poème. Ses ennemis :
La souffrance, la bataille et la mort ;
Son champ de bataille : le regard intérieur.
« La science et la paix, disait-il, 
Vaincront l’ignorance et la guerre. »
[…]
Il me plaît d’imaginer Pasteur dans les Champs Élyséens
Sous les palmes ensoleillées d’une Provence somptueuse ;
Élevant avec douceur moutons noirs, papillons,
Vers à soie et de nouveaux germes,
Il enseigne à sa fille l’usage du microscope,
Et suit, rêveur, le fil de son étonnement –
La passion sacrée, les soins, la métaphysique :
Une seule et même chose. Et chaque année,
Je célèbre trois naissances : Valéry, moins vaniteux
À force de travail ; Mozart, qui vit toujours,
Me tenant sans cesse à distance de l’orgueil ;
Et lui dont je porte la marque en témoignage.
Sauveur des autres mais non de lui-même
– Socrate, Galien, Hippocrate aussi – 
Tous liés par l’amour sur la croix humaine.

 

Edgar Bowers, Pour Louis Pasteur, traduit de l’américain par Christopher Carsten, Cheyne éditeur, collection « D’une voix l’autre », 2001
© Cheyne éditeur, tous droits réservés

Comme des millions d’Américains, Edgar Bowers portait sur l’épaule la cicatrice du BCG. Il rend ici hommage à Louis Pasteur, pionnier de la microbiologie contre la doxa de l’Institut. Sans oublier de regretter, dans son poème complet, le bellicisme antiprussien du scientifique. 

 

 

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