Chez les petites gens, l’ambition jadis était de placer un rejeton à la Poste. Ils y voyaient la sécurité de l’emploi, un certain prestige, la preuve d’une réussite tranquille mise au service de la collectivité. Facteur à vélo, agent de guichet, conseiller de proximité : le beau métier que postier. Plus tard, le rêve s’est perdu dans les files d’attente. Aller à la poste, c’était poireauter, affronter les humeurs d’employés renfrognés – z’avez qu’à attendre votre tour, on vous appellera. Le 22 à Asnières sonnait dans le vide, on ne faisait pas la queue au bon endroit et c’était toujours de notre faute si on ne savait pas affranchir un colis pour Maubeuge ou Oulan-Bator.
[…]