La scène se passe au son de la Toccata de Bach : des hommes en combinaison spatiale courent à vive allure vers le pas de tir et grimpent in extremis dans une imposante fusée. Celle-ci s’élève alors dans les airs, quelques secondes seulement avant que la Terre ne se consume dans une gigantesque explosion… Diffusé à partir de 1978, le générique de la série animée Il était une fois… l’Homme retraçait la grande course du monde, des origines jusqu’à cet avenir volontiers menaçant. Et l’espace faisait alors figure d’ultime échappatoire pour une humanité incapable de résister à ses plus mauvais penchants.

Quarante ans plus tard, ce pessimisme est-il toujours de mise ? Après une période de relatif sommeil, au moins médiatique, la course à l’espace a en tout cas repris de plus belle, et la décennie qui s’ouvre s’annonce d’ores et déjà riche en conquêtes nouvelles, comme vous le découvrirez dans ce numéro spécial du 1 : retour des hommes sur la Lune, exploration de Mars, étude du Soleil et du milieu interstellaire, analyse des trous noirs… Dès 2020, de multiples engins spatiaux, sondes, rovers et vaisseaux en tout genre essaimeront dans notre système solaire, avec des objectifs qui ne se limitent plus au seul champ scientifique. C’est le signe qu’émerge un nouvel écosystème spatial, ce New Space où cohabitent aujourd’hui de nombreux acteurs, publics ou privés, pour qui le cosmos n’a jamais paru si proche, si facile à atteindre. Des centaines de touristes spatiaux ont d’ailleurs déjà réservé leur billet pour un vol suborbital, tandis que les entreprises d’extraction lorgnent les minerais rares qui dorment (peut-être) dans le sous-sol martien.

Longtemps riche en promesses, notre espace l’est donc désormais en opportunités économiques – avec le risque que les cieux ne virent au paradis réservé aux plus fortunés, déchargés de leur responsabilité envers notre bonne vieille Terre. Les nouveaux nababs de la planète, Jeff Bezos et Elon Musk en tête, peuvent bien rêver de coloniser Mars, est-ce là pour autant un avenir souhaitable ? Faut-il se résigner à ce destin « extraterrestre » ? Car si le silence éternel des espaces infinis nous a appris quelque chose, c’est bien l’extrême rareté de la vie, le caractère si singulier et précieux des conditions qui ont pu rendre notre planète habitable. Étudier les astres morts qui nous entourent doit nous permettre de mieux comprendre comment sauver le nôtre. Dans ce champ, comme dans de nombreux autres domaines, cette décennie s’annonce décisive pour l’avenir de l’humanité. Alors bonnes fêtes à toutes et à tous. Et que la force soit avec nous. 

 

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