C'est un fait : la retraite divise les Français. Réussiront-ils un jour à se mettre d’accord ? Il y a clairement deux camps : ceux qui disent « je pars à la retraite » et ceux qui disent « je pars en retraite ». À qui faut-il donner raison, sachant que, de toute façon, partir c’est mourir un peu ?

Déblayons le terrain. Un retraité est « à la retraite » au terme de sa vie professionnelle, tandis qu’un retraitant est « en retraite » dans une abbaye ou un ashram pour se ressourcer. Mais alors pourquoi de Gaulle, qui connaissait si bien sa grammaire, désignait-il les putschistes d’Alger comme « un quarteron de généraux en retraite » ? Challe, Jouhaud, Salan et Zeller étaient toujours en fonction ce 21 avril 1961. Le grand Charles les voyait-il déjà comme une armée défaite, en train de battre en retraite ? Son Premier ministre, Michel Debré, observait parfaitement la syntaxe, lui, quand il demandait aux Parisiens d’aller au-devant des rebelles « à pied, à cheval ou en voiture ». La préposition en s’utilise quand on prend place dans un moyen de transport, alors que à suppose de monter dessus. 

Mais, dans l’affaire qui nous occupe, l’Académie française ne tranche pas. Vous êtes libre de partir à la retraite ou en retraite : l’un ou l’autre se dit ou se disent. Un tel laxisme de la part d’une institution si pointilleuse peut surprendre. Il est vrai que ses membres ignorent le comptage des trimestres et les pots de départ. Les immortels sont toujours à taux plein, pensionnés à vie, et même au-delà. L’habit vert ne connaît pas les inconvénients du gilet jaune. Et le bicorne vaut bien une retraite chapeau. 

 

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