Dix ans. C’est le temps qu’il a fallu pour définir en concertation totale avec les syndicats, parfois hostiles, la réforme des retraites. Adoptée en 2011, cette dernière a repoussé l’âge effectif de départ, qui se situe désormais entre 62 et 75 ans, tout en permettant l’obtention de meilleures pensions. Cette méthode, commune aux pays scandinaves, évite les clashes. Résultat : pas une journée de grève et un vote presque unanime au Parlement.

Le nouveau système est entré en vigueur en 2012. La retraite se base sur le revenu, avec un minimum garanti pour les personnes ne percevant pas de retraite liée au salaire ou ayant un revenu trop faible. Depuis 2006, une retraite professionnelle obligatoire s’applique au secteur privé également, avec une cotisation au moins égale à 2 % des revenus des salariés. Il faut avoir résidé au moins trois ans en Norvège pour avoir la retraite dite « garantie », et quarante ans pour avoir droit au taux plein.

L’âge officiel de la retraite est de 67 ans, mais on peut s’arrêter à partir de 62 ans si on a assez cotisé. Avec la réforme, on a intérêt à retarder ce moment, et ce jusqu’à 74 ans. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir des Norvégiens continuer « pour le plaisir ». Cependant, cette prolongation doit être négociée au sein du couple, car l’épouse (ou l’époux) subit une baisse de 10 % de sa pension tant que son conjoint rempile.

La Norvège étant très égalitaire, son système de retraite l’est également.

La Norvège est fière de son système qui – après la Suède – a inspiré des pays comme l’Italie et la Pologne, voire la Chine. Mais ce dont le royaume s’enorgueillit encore davantage, c’est le partage équitable de l’effort entre les plus riches et les plus défavorisés. « De nombreux pays n’ont pas réussi à avoir la même flexibilité », a souligné le chercheur Nils Martin Stølen dans un article de la revue en ligne Forskning.no.

La Norvège étant très égalitaire, son système de retraite l’est également. En fait, les Norvégiens cotisent en fonction de leurs revenus, mais les pensions sont plafonnées à partir d’un certain seuil (66 700 euros en 2018). Si ce dispositif pénalise les hauts revenus, il laisse néanmoins ouverte la possibilité de cotiser parallèlement à un régime privé. Ce financement proportionnel assez unique permet, comme l’explique M. Stølen, une « redistribution de l’argent ». Le système a d’ailleurs aussi pour but de favoriser une répartition plus juste entre hommes et femmes.

Tout cela coûte-t-il cher ? Assurément. Mais le royaume en a les moyens, grâce notamment à son fonds pétrolier – le plus riche du monde. 

 

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