Par rapport aux ouvriers ou aux employés, les cadres bénéficient à la retraite d’un plus grand nombre d’années, et notamment d’années en bonne santé. Attesté par de nombreux travaux, ce constat s’explique notamment par une exposition plus fréquente des deux premières catégories citées à des conditions de travail néfastes pour la santé.

Consciente de ces enjeux, la précédente loi portant réforme des retraites du 20 janvier 2014 affirmait ainsi : « Le système de retraite n’a pas vocation à corriger toutes les inégalités. A minima, il doit éviter de les amplifier. Et il doit assumer de corriger les injustices les plus importantes devant la retraite. » C’est dans cette perspective qu’un compte personnel de prévention de la pénibilité(C2P)a été instauré en vue de compenser la réduction d’espérance de vie des salariés exposés à des conditions de travail pénibles, identifiées par une liste de dix facteurs de pénibilité. Ce mécanisme permet aux personnes concernées d’accumuler des points qui financent des formations et, pour les plus exposées, de passer à temps partiel sans baisse de la rémunération ou de partir jusqu’à deux ans plus tôt à la retraite. C’est ce même mécanisme que le gouvernement promeut actuellement pour répondre à ces inégalités face à la retraite, ainsi qu’à la question de la réintégration des régimes spéciaux au sein d’un régime unifié.

Dans la loi de 2014, le ministère du Travail estimait à environ 3,3 millions le nombre de salariés du privé exposés, et donc susceptibles d’alimenter chaque année leur compte personnel de prévention. Une étude récente de la Caisse nationale d’assurance vieillesse montre que nous en sommes loin : seul 1,3 million de salariés ont été déclarés exposés à l’un de ces facteurs d’usure en 2018. Le taux de non-recours atteint donc 61 %. Le patronat dénonce la complexité du dispositif, les syndicats de salariés le manque de coopération des entreprises. La réforme actuelle devra sans doute trouver des réponses plus efficaces à un enjeu aussi crucial. 

 

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