Si vous faites une révolution, faites-la pour vous amuser,
ne la faites pas avec un horrible sérieux
ne la faites pas avec une gravité mortelle
faites-la pour vous amuser.

Ne la faites pas parce que vous haïssez les gens
faites-la seulement pour leur cracher dans l’œil.

Ne la faites pas pour de l’argent
faites-la, et damné soit l’argent.

Ne la faites pas pour l’égalité,
faites-la parce que nous avons trop d’égalité
et que ce serait drôle de renverser le panier de pommes
et de voir de quel côté elles iraient rouler.

Ne la faites pas pour la classe ouvrière.
Faites-la pour que tous nous soyons de petites aristocraties autonomes
et que nous fassions claquer nos talons comme de joyeux ânes délivrés.

De toute façon ne la faites pas pour l’internationale du Travail.
Le travail est une chose dont l’homme a été saturé.
Abolissons le travail, finissons-en avec la servitude !
Le travail peut être gai, les hommes peuvent y prendre du plaisir ; alors ce n’est plus du travail.
Que cela soit ! Faisons une révolution pour la joie !

Un an après l’interdiction de L’Amant de Lady Chatterley, le recueil Pansies (1929)est saisi par la police anglaise pour obscénité, alors que D.H. Lawrence recherchait dans l’énergie sexuelle quelque chose de sacré. Il ne peut se résoudre aux forces collectives de la révolution si elles n’apportent pas un surplus de vie individuelle. 

Poèmes, traduit de l’anglais par Sarah Clair et Lorand Gaspar © Éditions Gallimard, 1996

 

 

 

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