La transition écologique est nécessaire pour l’ensemble du monde agricole. Et celle-ci ne peut se faire que par une réduction drastique de l’élevage. Pourquoi ? Parce que l’élevage est responsable de plus d’émissions de gaz à effet de serre que les transports. Et tant que nous encourageons ce système de production, nous ne pouvons pas espérer résoudre le problème du changement climatique. C’est pourtant la rupture la plus simple que nous pourrions réaliser pour sauver la planète : manger moins de viande. Beaucoup moins de viande. Je sais que c’est difficile à entendre pour de nombreux éleveurs, mais la réalité est têtue : comment peuvent-ils espérer produire et vendre demain de la viande dans un monde où ils ne seront plus nécessaires, où les sécheresses et les catastrophes auront anéanti leurs troupeaux ou les champs nécessaires pour les nourrir ?

Aux États-Unis, il y a aujourd’hui moins d’agriculteurs qu’il n’y en avait en 1850, avant la guerre de Sécession, alors même que la population a été depuis multipliée par onze. Les agriculteurs ont été décimés en Amérique comme en Europe, parce que le but final de l’industrie agroalimentaire est de supprimer les hommes et la nature de l’équation. Bien sûr, nous pourrions encourager les élevages respectueux des bêtes, de leurs conditions de vie et d’abattage. Mais on ne peut pas imaginer un monde où sept milliards d’individus mangeraient de la viande trois fois par jour. Il n’y a tout simplement pas suffisamment de place sur Terre pour cela ! Plus de 40 % du territoire américain est déjà utilisé pour l’élevage. On ne peut pas aller plus loin.

Il faut donc inventer un autre modèle. Car le fait de manger moins de viande ne veut pas dire que les gens arrêteront de manger pour autant. Il faudra produire d’autres ressources alimentaires, moins gourmandes en terres et en eau. Des légumes, des légumineuses, des céréales, des fruits. C’est tout un écosystème agricole qui pourra se mettre en place, progressivement. On peut aider les agriculteurs sur cette voie. La viande industrielle est l’un des secteurs agricoles les plus subventionnés en Occident – si nous payions un steak à son vrai prix, il coûterait plusieurs dizaines d’euros. Coupez ces subventions, redistribuez-les aux élevages à taille humaine et aux fermes en reconversion. C’est ainsi que vous offrirez la possibilité aux agriculteurs de participer à l’effort écologique, plutôt que de les condamner à en être les fossoyeurs. 

 

Propos recueillis par JULIEN BISSON

 

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