C’est un numéro exceptionnel du 1 que nous vous proposons cette semaine. Depuis la création de notre hebdomadaire au printemps 2014, nous nous sommes donné l’ambition de comprendre l’époque dans laquelle nous vivons, sans considérer que l’actualité soit forcément le fidèle reflet de notre époque, estimant même qu’elle nous détourne parfois à grand bruit de l’essentiel. Aussi défendons-nous plutôt la notion d’« inactualité » pour entrer de plain-pied dans les problématiques qui nous occupent. En nous associant avec Sorbonne Université – née le 1er janvier 2018 de la fusion entre l’université Paris Sorbonne et l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) – nous avons souhaité ouvrir nos colonnes aux savoirs d’une institution de recherche intensive et pluridisciplinaire, qui compte aujourd’hui trois facultés : les lettres, la médecine, les sciences et l’ingénierie. Ce partenariat est pour nous source de fierté.

Michel Serres le déplorait dans l’entretien qu’il nous a accordé au printemps dernier, peu avant sa disparition, dans le numéro 2 de notre trimestriel Zadig : « Les politiques, disait-il, ne sont formés qu’aux sciences humaines, et se moquent des sciences naturelles. Ils n’y entendent rien. Je rêve pour ma part que la mécanique quantique soit au programme de l’ENA. » Ce qu’il observait pour nos responsables vaut pour l’ensemble de la population. Une déficience que pointe aussi le climatologue Hervé Le Treut dans le passionnant entretien que nous publions. Le savoir scientifique est selon lui un enjeu majeur. Or, dit-il : « Le fonctionnement du système Terre est très peu enseigné. Si l’on demande à n’importe qui dans la rue pourquoi il y a des vents d’est à l’équateur et des vents d’ouest aux moyennes et hautes latitudes, on touche à un fondement des contrastes de notre monde déchiré entre un pôle plus riche et un autre plus pauvre. Un premier élément de réponse s’explique en dix minutes, mais le grand public ne le connaît pas. »

Aussi avons-nous souhaité éclairer notre lanterne à tous sur la question du réchauffement climatique, sujet brûlant, sans jeu de mots aucun, si on se tourne vers l’Amazonie. Mais cette réalité scientifiquement prouvée se trouve en butte à des contestations, sur fond de climatoscepticisme et d’infox (pour ne pas dire intox), traduction de l’expression anglo-saxonne fake news. En sollicitant l’expertise croisée de chercheuses et de chercheurs de premier plan, nous avons voulu mettre en lumière les difficultés à faire émerger puis admettre une vérité scientifique, face à tous ceux, lobbies alliés aux populistes, qui font litière du réel au nom d’intérêts souvent inavouables ou d’une démagogie répugnante. 

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