Pour l’inauguration d’une école communale,
Camden, New Jersey, 1874


Un vieillard pense au temps del’école,
Un vieillard rassemble ses souvenirs de jeunesse, son herbier de fleurs, chose impossible aux jeunes.
C’est maintenant que je vous connais
Ô merveilleux cieux de l’aurore – ô matins de rosée sur l’herbe !


Et comme je vois bien l’étincelle dans le regard,
Ces quantités de sens mystérieux, toutes ces jeunes vies,
Occupées à construire, équipe une véritable flotte de navires d’immortels navires
Qui vont tantôt mettre à la voile sur les mers incommensurables,
Pour le voyage au long cours de l’âme.


Un certain nombre d’enfants de filles, rien d’autre ?
Les fastidieux exercices du calcul, de la dictée, de l’écriture, rien d’autre ?
Une école communale, tout simplement ?


Ah tellement tellement plus que cela !
(George Fox un jour lança ce cri d’alarme : « Est-ce ce bâtiment de briques et de mortier, ces planchers inertes, ces fenêtres ces grilles que vous appelez l’église ?
Mais l’église ce n’est pas du tout cela – l’église ce sont les âmes, les âmes vivantes ! »)


Dis, Amérique,
Veux-tu connaître la véritable clé de ton présent ?
Les lumières les ombres de ton futur, bon ou mauvais ?
Cherche-les chez les enfants écoliers écolières cherche-les dans la classe d’école avec l’instituteur.

Feuilles d’herbe 
© Éditions Grasset et Fasquelle, 1989 et 1994, pour la traduction française de Jacques Darras

À onze ans, Walt Whitman dut quitter l’école pour travailler. Il la retrouva comme instituteur. Pour le poète américain, la démocratie nécessite une transformation morale des individus, où l’éducation a une part centrale. Il fut un pédagogue acharné, pour donner une place aux élèves avec des difficultés, eux aussi futurs citoyens. 

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