Depuis longtemps, en France, la politique est associée à des couleurs : rouge pour la gauche, bleu pour la droite. Le Front national, qui dénonce « le système », avait besoin de se distinguer. 

Pas question d’adopter le vert, déjà pris par les écologistes et identifié à l’islam. Le kaki était tentant, mais trop connoté. Comme le brun, d’ailleurs. Quant au jaune, il pouvait rappeler une certaine étoile des années noires de l’Occupation et les mauvais esprits n’auraient pas manqué de s’emparer de ce détail.

Quelqu’un a eu alors l’idée subtile de s’appuyer sur le prénom de la nouvelle présidente. Marine ne voulait-elle pas repeindre le parti pour effacer les barbouillages de son papa ? Adopté dans l’enthousiasme, « bleu Marine » est devenu un slogan, une marque de fabrique.

Si cette héritière s’était appelée Rose ou Blanche, il aurait fallu renforcer son prénom par une autre couleur, plus virile et plus musclée. Métissage dangereux, susceptible de conduire à un insupportable café au lait. Dieu merci, elle se prénomme Marine. Avec un net avantage sur ses concurrents, condamnés à la grisaille : on n’imagine pas un bleu Nicolas ou un rose François.

Bleu marine est peut-être moins gai que bleu lavande ou bleu turquoise, mais sonne mieux que bleu canard. De toute façon, aucune autre nuance ne convenait. Bleu roi fait terriblement Ancien Régime. Bleu de Prusse évoque de vilains bruits de bottes. Et il va sans dire que de bons Français de souche n’auraient toléré ni un bleu persan ni un bleu pétrole, encore moins un bleu outremer. 

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