C’est la progression spectaculaire de l’espérance de vie en France qui explique le plus le poids croissant des plus âgés. Par rapport au début du XXe siècle, grâce aux progrès de la médecine, à la généralisation des règles d’hygiène et aux réformes réduisant la pénibilité du travail, l’espérance de vie à la naissance a gagné trente-cinq années, passant de 45 à 79 ans en 2018 pour les hommes et de 49 à 85 ans pour les femmes. Cet allongement de la vie se conjugue aujourd’hui avec un épisode démographique exceptionnel : l’entrée des baby-boomers, génération particulièrement nombreuse, dans le troisième âge. 

Il faut à cela ajouter la baisse tendancielle de la fécondité observée à partir de 2010 et, donnée supplémentaire, la part de personnes âgées dépendantes, qui augmente rapidement. Selon les dernières statistiques Eurostat, portant sur l’année 2016, l’espérance de vie en bonne santé est en France de 64,1 ans chez les femmes et de 62,7 chez les hommes. L’écart est de presque dix ans avec le leader en Europe, la Suède (73,3 ans chez les femmes, 73 chez les hommes). In fine, une personne âgée de 65 ans en France peut espérer vivre en moyenne encore 10 ans en bonne santé et respectivement 10 et 13 ans avec des problèmes de santé pour les hommes et les femmes. 

Des travaux de l’Institut national d’études démographiques (Ined) ont par ailleurs montré que ces évolutions ne sont pas distribuées socialement au hasard : les ouvriers ont une espérance de vie inférieure à celle des cadres. Et au sein d’une vie déjà plus courte, les ouvriers passent à la fois moins de temps sans incapacité que les cadres, et vivent plus longtemps qu’eux avec des incapacités et des handicaps. Au défi posé par le maintien des politiques de solidarité intergénérationnelle, s’ajoute ainsi un enjeu d’inégalité des catégories sociales face au grand âge. 

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