Selon l’ONG internationale Avaaz, les fake news circulant sur Facebook dans les groupes de Gilets jaunes ont été vues plus de 105 millions de fois entre novembre 2018 et mars 2019. En anglais, comme chacun sait, fake veut dire « faux », « truqué », « falsifié ». C’est un mot dont Donald Trump se sert abondamment pour renvoyer la balle aux grands journaux américains qui l’accusent de mentir comme un arracheur de dents.

Mais que vient faire fake news au pays de Molière ? L’an dernier, la Commission d’enrichissement de la langue française s’est demandé par quoi remplacer ce vilain anglicisme. Comment désigner une nouvelle mensongère ou délibérément biaisée, répandue pour défendre une cause ou entacher la réputation de quelqu’un ? Dans une recommandation publiée le 4 octobre 2018 au Journal officiel, la commission offrait le choix entre deux termes. Le premier (« information fallacieuse ») était élégant, mais trop alambiqué. Le second (« infox ») mêlait astucieusement information et intoxication. Ce mot-valise avait l’avantage d’être invariable, alors que l’anglicisme, utilisé au singulier à longueur de journée (« une fake news ») écorche les oreilles, comme si on disait « un chevaux » ou « un hôpitaux ».

« Infox » est cependant arrivé trop tard : fake news avait déjà été adopté par tous les commentateurs. Too late, comme on dit dans la France profonde ! Mais pourquoi les mots traverseraient-ils l’Atlantique dans un seul sens ? Les Américains adoreraient peut-être notre astucieux néologisme. Lequel s’appliquerait parfaitement à la championne des bobards, la chaîne ultraconservatrice qui soutient Donald Trump envers et contre tout : rien ne rime mieux avec infox que Fox News. 

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