Tous les ans désormais, deux organismes dédiés à la protection de l’environnement, WWF et Global Footprint Network, calculent « le jour du dépassement » : à savoir la date à partir de laquelle l’humanité a consommé les ressources – nourriture, fibres et matériaux – que la Terre est capable de reconstituer. Cette année, pour la première fois, le calcul a été fait pour l’Union européenne, et il apparaît que ses 512 millions d’habitants ont épuisé leur capital dès le 10 mai (l’ensemble du monde devant vivre à crédit à compter du 1er août).

On imagine que cela empêche de dormir responsables politiques et commentateurs, car tout le monde, de l’extrême gauche à l’extrême droite, est devenu furieusement écologiste en très peu de temps. Il faut entendre avec quelle gravité, quelle émotion, quels trémolos, ceux qui se fichaient éperdument de l’avenir de la planète jusqu’à hier parlent maintenant du réchauffement climatique ! 

Le 10 mai dernier a donc marqué en quelque sorte la fin du monde. Mais on devrait s’inquiéter aussi d’un autre dépassement : celui où les critiques portées contre l’Union européenne ont franchi tous les seuils de l’honnêteté et du bon sens. Ce monstre bureaucratique qui affame les pauvres, nous entraîne de dévaluation en dévaluation, a tué la démocratie, en attendant de déclencher des guerres sur le continent… De quoi illustrer la célèbre formule attribuée selon les jours à Alphonse Allais, Alfred Jarry ou Pierre Dac : « Quand on passe les bornes, il n’y a plus de limites. » Pour l’Union européenne, affublée de tous les maux, le dépassement de la démagogie et du mensonge est atteint chaque année dès le 1er janvier. 

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