Where do they keep coming from, these arseholes
who, when we were young, were the gatekeepers ?
They must have been young then too, the chancers
who smirk and sidle and spin ; the tossers
who blag and bray and brag ; the bullshitters
who pose and pontificate ; the patriots.

They do not mean us well, these patriots,
whith their buttock-faced smarm, the pursued arseholes
of their non-disclosures – perfect for bullshitting.
Though we demonstrate at the gate, keepers
of small flames, il is bollocks they toss us
over the railing, airwaves ; taking their chances.

D’où continuent-ils de sortir, ces trous du cul
qui, dans notre jeunesse, étaient les gardiens ?
Ce devait être leur jeunesse aussi aux profiteurs
qui sourient, s’insinuent et girouettent, aux joueurs
qui bluffent, et braient, et crânent, aux tchatcheurs
qui posent et qui pontifient, aux patriotes.
 
Ils ne nous veulent pas du bien, ces patriotes
à la face de lèche-fesses, à l’inébranlable trou du cul
de la confidentialité – parfait pour tchatcher.
Bien que nous manifestions à la porte, gardiens
de petites flammes, c’est de la merde qu’ils nous jouent
par-dessus la grille, du vent ; misant pour leur profit.

Carol Ann Duffy fut la poétesse lauréate de la Grande-Bretagne de 2009 à 2019. Une charge officielle qui ne l’empêcha pas d’invectiver politicards et faux patriotes, sur fond de Brexit. Les insultes scatologiques contrastent ici avec la forme ancienne choisie : une sextine qui permute sur six strophes les mêmes mots en fin de vers. 

 

Sincerity, Picador, 2018 © Carol Ann Duffy, 2018

Traduction française inédite de LOUIS CHEVAILLIER

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