Il faut agir. C’est urgent. Ces deux convictions constituent la dynamique de la mobilisation des jeunes pour lutter contre le réchauffement climatique. Est-ce un tournant du combat écologique ? Si oui, pour quelles raisons ? Et que dit-il de la recomposition politique en cours ? Ce sont ces questions qui nous ont poussés à consacrer ce numéro à cette nouvelle croisade pour contraindre les adultes à réagir.

Le moment est effervescent. Voici quelques mois, quatre associations, dont Greenpeace et Oxfam, ont lancé une action destinée à attaquer en justice l’État pour inaction climatique : leur pétition – « L’Affaire du siècle » – a réuni plus de deux millions de signatures. Un fait sans précédent en France. Dans le même esprit, la « grève scolaire mondiale » du 15 mars sera prolongée, le lendemain, d’une Marche du siècle pour le climat. Enfin, l’ancien ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, et le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, ont présenté la semaine dernière 66 propositions en forme de pacte social et écologique.

Cette convergence d’initiatives est d’abord l’illustration d’une remise en cause de la gouvernance actuelle. Les jeunes lycéens et étudiants qui appellent à la grève scolaire court-circuitent purement et simplement le niveau national en intervenant au plan mondial. De même, « L’Affaire du siècle » veut-elle forcer l’État à agir sous la contrainte de décisions judiciaires.

Bref, le climat ne peut pas attendre… Ce qui domine, c’est la nécessité de secouer le cocotier, de tout bousculer pour imposer un calendrier de mesures efficaces et universelles. Ce message n’est pas celui des plus catastrophistes, pour lesquels tout est déjà foutu. C’est un sursaut pour assurer l’avenir, éviter que la Terre ne soit littéralement dévorée par ses habitants, inconscients et désinvoltes.

Loin d’une attente résignée de la fin du monde, ces jeunes entendent prendre leur destin en main. Ce faisant, ils tournent le dos aux différentes chapelles écologistes, refusent les clivages qui opposent ceux qui croient à la droite et ceux qui croient à la gauche ; ceux qui croient au marché et ceux qui n’y croient pas. Leur message est beaucoup plus simple et radical. Il ressemble à un cri : Au secours ! 

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