NEW DELHI. Vingt-deux des trente villes les plus polluées au monde se trouvent en Inde. La capitale au plus mauvais indice de qualité de l’air : New Delhi. Les taux de particules fines sont en moyenne de trois à quatre fois supérieurs à la limite recommandée. Avec plus de 2 000 nouveaux véhicules par jour immatriculés dans la région de Delhi en 2018, le smog n’est pas près de disparaître. Et ses conséquences en matière de santé sont dramatiques : 1,24 million de décès par an sont liés à la mauvaise qualité de l’air.

Le Premier ministre Narendra Modi se présente pourtant comme un des champions de l’énergie renouvelable. Forte d’une dizaine de fermes solaires géantes construites en quelques années, l’Inde avait annoncé, lors de la COP21, la création de l’Alliance solaire internationale. Mais, alors que la production énergétique du pays dépend à 80 % du charbon et que le nombre d’urbains devrait s’élever à 200 millions à l’horizon 2030, le sous-continent se transforme en un monstre énergétique.

Les jeunes Indiens ne se sentent pas concernés par les questions environnementales. La libéralisation économique des dernières décennies a eu pour conséquence l’importation du rêve américain par les classes moyennes. Une récente étude de l’Hindustan Times révèle que plus de 74 % des 18-25 ans n’ont jamais entendu parler du réchauffement climatique. Alors, pour faire évoluer les mentalités, les ONG misent sur la jugaad. Ce concept d’« inventivité frugale » (le système D indien) présente les énergies renouvelables comme des solutions ingénieuses et accessibles à tous.

L’ONG Barefoot College a ainsi formé des dizaines de milliers de jeunes filles à l’ingénierie solaire low cost. Elles apprennent à construire des lampes et des fours solaires, à recycler et à développer une économie sans plastique. Un savoir qu’elles retransmettent une fois rentrées dans leur village. Dans ce pays qui forme 25 % des ingénieurs mondiaux, la jeunesse indienne aura un rôle à jouer face aux défis climatiques. Encore faut-il qu’elle en soit consciente. 

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