On s’attache. Oui, on s’attache terriblement aux personnages d’une série, surtout à partir du 400e épisode. À force de les fréquenter, de les retrouver d’une saison à l’autre, de découvrir leurs tourments et leurs secrets, on finit par mieux les connaître que les membres de sa propre famille. Même des héros aussi sulfureux que le serial killer de Dexter réussissent à nous faire partager leurs émotions. Des œuvres de qualité inférieure ne sont pas moins addictives. 

Il faut dire que tout est fait pour ça. Chaque épisode se termine de telle manière que le téléspectateur brûle de voir le suivant, quitte à y retrouver les mêmes recettes. Les saisons sont habilement assaisonnées, de drames, de sexe, de violence ou de retournements de situation. Carlton Cuse, l’un des brillants scénaristes de Lost, l’a bien expliqué : « Nous faisons comme les fabricants de chips ; ils savent quels additifs mettre dans leur produit pour vous pousser à en manger encore plus. »

En termes élégants, cela s’appelle « fidéliser le public ». Le résultat est spectaculaire : les sériephiles sont légion, quels que soient leur âge ou leur milieu social. C’est d’autant plus remarquable que l’époque se caractérise par l’infidélité tous azimuts : on n’a jamais aussi facilement changé de marque, d’opinion, de conjoint…

Mais tout a une fin. Les scénaristes ont épuisé le sujet, et les acteurs aimeraient passer à autre chose. Le château de Downton Abbey ferme ses portes. Morte-saison. Ne reste plus au téléspectateur orphelin qu’à faire son deuil. Comme aurait dit le regretté Maurice Thorez, il faut savoir terminer une série. 

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