Dénoncer, preuves à l’appui, ne suffisait pas : c’est en giflant publiquement le chancelier Kurt Georg Kiesinger le 7 novembre 1968 à Berlin, lors d’un congrès de la CDU, que Beate Klarsfeld a réussi à se faire entendre. L’ancien directeur adjoint de la propagande radiophonique du IIIe Reich vers l’étranger ne s’en est pas remis : l’année suivante, il perdait son poste.

Le temps n’est plus, où un soufflet donnait lieu à un duel. D’une manière générale, la gifle est moins fréquente que jadis. Les mots d’argot qui la désignaient (beigne, calotte, marron, taloche, tarte, torgnole…) tombent en désuétude, et ses vertus éducatives sont fortement contestées. On dénonce de plus en plus ses effets traumatisants chez l’enfant.

C’est surtout au sens figuré qu’elle existe aujourd’hui. Un adolescent insupportable est « une tête à claques ». On dit de quelqu’un qu’il mérite « une bonne baffe », sans passer à l’action pour autant. Et, plus généralement qu’il y a « des gifles qui se perdent ».

Mais il arrive qu’une claque « parte toute seule ». Son auteur n’a pu se retenir. Et, dans sa colère, il a donné successivement deux coups sur les joues de la personne qui lui fait face, avec le plat et le revers de la main. C’est la « paire de gifles », parfois aussitôt regrettée.

Rien de tel pour Beate Klarsfeld en 1968. La jeune Allemande avait parfaitement préparé son geste. Elle ne cherchait pas à faire mal au chancelier, à provoquer chez lui un état de sidération ou même à l’humilier. C’est l’opinion allemande qu’elle voulait réveiller. Une gifle retentissante dont l’écho a traversé les frontières. 

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