Dans la nuit du 2 au 3 septembre, tout un pays a pris feu. Le Brésil, qui tire son nom du bois rouge nordestin, le pau-brasil, a vu son histoire se consumer dans l’incendie du célèbre Musée national de Rio qui abritait, entre autres, des témoignages uniques de la vie primitive amérindienne. « Nous avons perdu notre passé, mais aussi notre avenir », s’indigna un chercheur brésilien sur les réseaux sociaux. « Un pays se meurt un peu quand il détruit sa propre histoire. Cette tragédie est une sorte de suicide national, un crime contre notre passé et contre les générations futures », renchérissait l’éditorialiste du grand quotidien O Globo cité par Courrier international. Au-delà du manque de crédits alloués à l’un des plus vieux musées du Brésil pour cause de coupes budgétaires drastiques de la part des gouvernements successifs, l’opinion a vu là un terrible symbole. Ou bien un présage. Celui d’un pays livré aux flammes destructrices des apprentis sorciers de la politique. Après Trump en Amérique, pourquoi pas Bolsonaro au Brésil ? Pour une partie de la population, celle des classes moyennes et supérieures, le diable porte le nom de l’icône déchue : Lula, l’homme-peuple devenu symbole de la corruption à grande échelle qui ravage le pays. Derrière les barreaux de sa prison, malgré sa popularité intacte chez les plus modestes, Lula n’est plus qu’une ombre, et son parti, le PT, un puissant répulsif. De cette boîte de Pandore brésilienne a surgi un autre diable, un candidat du feu de Dieu qui trempe sa popularité dans les eaux bénites d’un évangélisme mâtiné d’autoritarisme. Ancien capitaine, chantre de la dictature et de la torture, homophobe, sexiste et xénophobe, Bolsonaro pourrait l’emporter. « Lui n’a pas volé ! », plastronnent ses supporteurs. Ses positions publiques laissent craindre en revanche une longue nuit des libertés. Le 7 octobre, date du premier tour de l’élection présidentielle, le Brésil-bois de braise risque de s’enflammer. À moins que le pare-feu de la démocratie...  

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