Longtemps, Simone de Beauvoir se désintéressa de la politique. Étudiante en philosophie, l’engagement lui semblait inutile. Durant les années 1930, son attitude et celle de Sartre furent celle de petits bourgeois comme elle le soulignera dans La Force de l’âge. Elle accepta le flux des événements avec détachement. Elle était, selon son mot, « anarchiste ». Bref, elle faisait cohabiter sa « haine de l’ordre bourgeois » et sa recherche effrénée du bonheur.

Tout change en 1939 avec la guerre, lorsque Sartre est mobilisé. Le tragique toque à sa porte. « Je savais à présent, écrit-elle, que jusque dans la moelle de mes os, j’étais liée à mes contemporains. » Le statut des Juifs d’octobre 1940 la révulse, ce qui ne l’empêche pas d’attester sur l’honneur qu’elle n’est ni juive ni franc-maçonne à la demande de l’Éducation nationale. Elle traverse l’Occupation dans le rejet de l’occupant tout en s’accommodant de la situation. Elle enseigne à Paris, passe ses vacances en zone libre, travaille, lit et sort beaucoup. En 1943, la mère d’une élève l’accuse de détournement de mineure. Peu importe que la jeune fille en question soit amoureuse d’un homme, dans le contexte d’ordre moral ambiant, Simone de Beauvoir est exclue de l’Éducation nationale. Elle gagne alors sa vie comme « metteuse en ondes » à Radio-Vichy. La même année, son premier roman, L’Invitée, paraît chez Gallimard. Elle fréquente Giacometti, se lie d’amitié avec Michel Leiris et Albert Camus. Dans les derniers mois de l’Occupation, elle vibre à l’unisson de la Résistance. C’est elle qui écrira pour Combat l’essentiel des reportages sur la libération de Paris que Camus avait demandés à Sartre.

Son engagement s’affirme dans l’après-guerre. Elle se situe clairement à gauche, tantôt proche des communistes, tantôt distante, fermement anticolonialiste, en faveur de l’indépendance des pays du « tiers-monde ». Ses combats sont publics. Avec Le Deuxième sexe, en 1949, elle devient l’incarnation du mouvement féministe et porte ses principales luttes dans les années 1960 et 1970. Assurément révolutionnaire, elle épousera la cause des militants maoïstes dans les années d’après-Mai 68.

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