Nous avons pensé « femmes » cette année pour ancrer les numéros d’été du 1. Pas par suivisme mais par une sorte d’évidence. Nous respirons le même air du temps que nos voisins d’Espagne qui se sont offert – une première absolue – un gouvernement composé de onze femmes et six hommes. Vous parler des femmes, donc, mais desquelles ? Eh bien, des plus grandes figures qui soient, parbleu : celles qui ont marqué l’histoire sans être nées reines ni l’être devenues par les moyens de la séduction. Des self-made-women dont la gloire mondiale doit tout à leur génie particulier.

L’histoire universelle, dans son pan français, nous offrait au premier coup d’œil trois de ces personnages hors du commun : au Moyen Âge, Jeanne d’Arc ; au tournant du XIXe et du XXe siècle, Marie Curie ; au milieu du XXe siècle, Simone de Beauvoir. Arc, Beauvoir, Curie, un grandiose ABC.

Jeanne d’Arc paraît la plus légendaire, parce qu’elle est la plus éloignée dans le temps. Idée fausse. Même si elle a nourri l’imaginaire du peuple et des poètes, des sculpteurs et des peintres, des vitraillistes et des cinéastes, des religieux et des politiques, la Pucelle (1412-1431) est l’une des femmes les mieux connues de l’histoire. On sait quel est son parcours, de Domremy au bord de la Meuse à Rouen au bord de la Seine, où elle périt sur le bûcher après deux ans et demi d’épopée. Des juges ecclésiastiques ont examiné trois fois son cas : à Poitiers, en 1429, le dauphin Charles voulant s’assurer de ne pas avoir affaire à une possédée ; à Rouen, en 1431, le roi d’Angleterre voulant se débarrasser de cette ennemie redoutable ; à Rouen, de nouveau, en 1455-1456 le roi de France vainqueur voulant faire annuler la condamnation de Jeanne afin de ne pas devoir son couronnement à une hérétique. 

Les faits avérés suffisent à rendre son histoire passionnante. Mais ce qui fascine dans la destinée de Jeanne, c’est tout ce qui reste un mystère. Âge après âge, chacun peut imaginer une explication – mystique, politique, sociale, patriotique, médicale… voire aujourd’hui gender. En tout cas, je peux en témoigner, Jeanne est terriblement addictive. Bonne lecture ! 

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