C’était pendant l’hiver 2010. Il faisait froid. La neige tombait à Paris. J’écoutais la radio d’une oreille distraite quand un mot piqua ma curiosité. Une expression plutôt. Une voix féminine parlait de la société du Caire. Il fallait instaurer de toute urgence la société du Caire. Ah, ça oui ! elle avait bien raison, la voix de cette Cléopâtre qui parlait comme Martine Aubry. Pendant que la neige redoublait, que la France grelottait, je me disais que le réchauffement climatique avait du bon. J’adhérais aux pyramides et aux rayons généreux d’un soleil d’hiver tombé de l’Égypte éternelle. De la même manière que dans le régime crétois, l’ingrédient principal n’est pas l’huile d’olive mais la Crète, je pensais que la société du Caire valait d’abord par Le Caire, sa chaleur, sa torpeur. Filer au Caire par le premier rêve venu. 35 degrés à l’ombre, cela vous avait une autre allure que la froidure parisienne. Je sentis monter en moi les élans d’un Bonaparte, des envies d’expédition solaire, de Nil, de felouques et de dromadaires.

Et puis patatras. J’abandonnai mon paquetage en rase campagne d’Égypte. Dans une interview donnée au Monde, la dame du Nord ne parlait pas du Sud. Mais alors pas du tout. Envolés dieu Râ, pyramides et coups de soleil. Il n’était question que de la société du care, au sens anglosaxon de « take care », prenez soin de l’autre… Par moins zéro devant l’obélisque de la Concorde, j’ai compris que les Cairotes étaient cuites.

 

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