Fin avril 2018, le Maroc décide de rompre, pour la deuxième fois en moins de dix ans, ses relations diplomatiques avec l’Iran. Cette fois-ci, la cause est sérieuse. La Maroc a découvert que l’Iran avait fourni, via le Hezbollah, des armes en nombre au Polisario, mouvement créé de toutes pièces par l’Algérie au lendemain de la récupération par le Maroc de ses provinces du Sud, occupées jusqu’en 1975 par l’Espagne. Le Polisario conteste le fait que le Sahara revienne au royaume et lutte pour en chasser ce qu’il appelle l’« occupant marocain ». 

Pour le Maroc, c’est une question fondamentale puisqu’il s’agit de son intégrité territoriale. Toute sa politique étrangère est basée sur la défense de ce principe, prouvant par l’histoire et le droit international la marocanité de ce territoire. 

Preuves à l’appui, le ministre marocain des Affaires étrangères s’est rendu à Téhéran pour mettre le gouvernement iranien face à ses responsabilités. En même temps, cette rupture tombait bien. C’est un signe envoyé à l’Arabie saoudite et à ses alliés qui font de l’Iran l’ennemi principal contre lequel l’islam sunnite se bat, allant jusqu’à s’allier discrètement à Israël, qui est bien décidé à empêcher cette puissance régionale de se doter de l’arme nucléaire. 

La rupture avec l’Iran a été saluée par nombre d’États arabes et africains. L’Iran a mis la main dans un engrenage en intervenant dans les affaires intérieures marocaines. Les relations entre le Maroc et l’Arabie saoudite, qui étaient tièdes ces derniers temps, ont retrouvé leur niveau habituel de bonne entente et de collaboration. 

L’Iran conteste le fait que la garde et l’administration des lieux saints de l’islam soient toujours confiées à l’Arabie saoudite. L’islam a été révélé dans cette partie du monde et le régime saoudien trouve qu’il est tout à fait normal qu’il assure la protection de ces lieux hautement symboliques. 

L’opposition entre sunnites et chiites a toujours existé, sauf que, depuis la révolution iranienne de 1979, l’Iran a compris qu’il fallait occuper le terrain. Il a financé et lourdement armé le parti islamiste chiite libanais, le Hezbollah, devenu une vraie puissance régionale. Ce parti a été le principal objectif de la guerre qu’Israël a engagé contre le Liban en 2006. Ce parti se bat militairement aux côtés de l’armée de Bachar Al-Assad depuis des années et vient de remporter les élections législatives libanaises.

Aujourd’hui, les opérations lancées au Yémen par l’Arabie saoudite et ses alliés, dont le Maroc, s’inscrivent dans la lutte contre l’Iran : les chiites houthis (les zaïdistes) s’opposent en effet au président sunnite Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyé par les Saoudiens. Avec plus de 10 000 morts, cette guerre – inutile et stupide – est en train de détruire le Yémen, qui connaît l’une des crises sanitaires et alimentaires les plus terribles de ces dernières années. Durant la lutte contre l’« État islamique », l’aviation saoudienne préférait envoyer ses avions bombarder le Yémen plutôt que Raqqa, la « capitale » des islamistes radicaux. 

L’Iran, puissance régionale importante, ne néglige aucun combat ; elle est présente au Proche-Orient, soutient militairement le régime criminel de Bachar Al-Assad, aide l’Algérie dans son conflit avec le Maroc, et la voilà face au front américano-israélien. Pour certains, c’est une guerre longue et complexe qui commence entre le chiisme et le sunnisme, ce qui n’augure rien de bon. 

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