Emmanuel Macron parle anglais avec aisance et ne perd pas une occasion de le démontrer. Cependant, lors de sa récente visite à Sydney, il a lancé au Premier ministre australien, Malcolm Turnbull : « Thank you and your delicious wife for your warm welcome. » (« Je vous remercie, vous et votre délicieuse épouse, pour votre chaleureux accueil. ») Léger embarras de ses hôtes, puis grosse rigolade sur Internet et dans les tabloïds : en anglais, delicious ne s’applique qu’aux choses qu’on a goûtées et appréciées. Pour éviter ce faux-ami à connotation sexuelle, le président de la République aurait dû dire delightful ou lovely.

Les mauvais esprits avancent plusieurs hypothèses :

1) M. Macron était perturbé par le décalage horaire (Paris-Sydney : 17 000 km) ;

2) il a volontairement choisi une grivoiserie : ces French lovers sont incorrigibles (DSK) ;

3) ce mari modèle est victime de ses vilaines fréquentations (Donald Trump).

Le 26 juin 1963, à Berlin-Ouest, John Kennedy avait lancé à la foule : « Ich bin ein Berliner. » (« Je suis un Berlinois. ») Or, Berliner désigne un beignet fourré à la confiture… Le président américain aurait dû, selon les puristes, supprimer l’article indéfini et dire : « Ich bin Berliner. » Mais une immense ovation avait salué cette phrase, entrée dans l’histoire. Et, aujourd’hui, après d’innombrables commentaires et moqueries dans la presse anglo-saxonne, plus d’un grammairien estime que la formule de Kennedy était correcte, le ein se justifiant pour un non-Berlinois.

Méfions-nous des faux faux-amis. Et, d’un delicious, ne faisons pas tout un fromage. 

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