Pourquoi a-t-on obligé des générations d’élèves à écrire « événement » avec deux accents aigus, alors que la prononciation supposait un accent grave à la deuxième syllabe, comme dans « élève » justement ? Cette bizarrerie n’est pas née d’un principe grammatical, mais d’un manque momentané de matériel d’imprimerie, raconte la linguiste Henriette Walter. En 1740, l’imprimeur du dictionnaire de l’Académie française n’avait pas fait fondre assez de caractères è : quand il en était dépourvu, il le remplaçait sans complexe par un é… L’erreur n’a pas été corrigée dans les éditions suivantes. Il a fallu attendre 1990 pour que les immortels recommandent « évènement », sans bannir pour autant l’ancienne orthographe.

Dans ce monument de logique et de clarté qu’est la langue française, mille autres fantaisies échappent à toute règle. « Fausse monnaie », par exemple, s’écrit sans trait d’union, alors que « faux-monnayeur » en exige un. Le caractère répréhensible de cette activité n’y est pour rien : on retrouve la même incohérence avec les non-violents d’un groupe non violent. 

Le double trait d’union fait, lui aussi, des caprices : présent dans « rez-de-chaussée », il disparaît, Dieu sait pourquoi, dans « raz de marée ». Et que dire du pluriel des mots composés ? Les serre-tête ne sont pas logés à la même enseigne que les couvre-chefs ! 

Allez convaincre un élève de CM2 que « chariot » exige un seul r, alors qu’il en faut deux pour faire un carrosse, et même une charrette ou une carriole. Mais peut-être admettra-t-il que « mourir » se contente d’un r, contrairement à « nourrir ». Après tout, on ne meurt qu’une fois… 

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