Le temps, le lieu en bon accord ici
où le passé ne passe point.
Qui vient pour troubler la campagne aujourd’hui ?
Qui se trouve mal ailleurs, qui vient par ici
où tout se meut au pas du cheval ?

Qui meurt, qui naît ici où rien ne bouge ?
La même alouette s’élève au ciel, tombe, repart.
Au mur la même assiette où le coq flambe
en trois couleurs, venue de l’ancien temps.

Le paysan salue celui qui passe, il est chez lui.
Son ombre ne pèse pas sur le sol qu’il creuse.
Debout dans l’étendue de son paysage quotidien,
seigneur de la terre arable et des prairies,
serviteur prévenant des plantations fragiles,
suzerain des animaux domestiques.

Bonheur longtemps promis, bonheur acquis d’emblée.
Le parcours se confie à la courbe du sentier.
Tu descends, tu vois s’élargir entre les bois, disparaître,
le triangle d’un village dans sa fumée.
Tu es parti dans la compagnie de l’aubépine.
Tu franchis la barrière et l’enfantin ruisseau.

Des animaux paisibles te regardent.
Sur un champ, une charrette se dresse bleue.
Dans le vallon en mouvement ordonnancé,
le vent sur le blé jeune va déplaçant les moires.
Tu avances, tu es parmi la noce perpétuelle,
incessante. Les oiseaux émerveillent
la liberté de tes pas.

[…]

Dans la rumeur du vent, André Frénaud reconnaît sa propre voix. Parce que sa poésie n’est pas une culture hors-sol. Elle se nourrit ici de la Bourgogne natale et d’un quotidien qui nous ensemence comme une terre arable. Il faut imaginer l’écrivain en paysan-sorcier à la recherche d’un haricot magique pour monter au ciel. 

 

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