L’ancien roi du Maroc Hassan II avait tourné le dos à Tanger et à la région du Rif, la plus septentrionale du pays. La Ville du Détroit, séparée par 14 kilomètres de Méditerranée des côtes espagnoles, connaît aujourd’hui un renouveau.
Le roi Mohammed VI soutient le projet Tanger-Métropole, vaste opération de revalorisation de la « 
dream city », selon l’expression consacrée de l’écrivain Paul Bowles. L’investissement s’élève
à 727 millions de dirhams (environ 65 millions d’euros). La fin des travaux est prévue pour 2017.

Quel regard portez-vous sur la ville
de Tanger ?
Par sa position géographique sur le détroit de Gibraltar, Tanger a connu un dévelop-pement économique, démographique et social très important. Ces dernières années, la ville a bénéficié d’une forte croissance, surtout liée aux investissements immobiliers. Depuis 2000, on -assiste à une gigantesque expansion urbaine dont l’impact est direct sur -l’immigration rurale, nationale et internationale. La ville attire quantité de travailleurs -marocains et aussi des migrants venus du Sud de l’Espagne. On compte aujourd’hui 5 000 Espagnols à Tanger. Cette explosion a posé un certain nombre de problèmes en matière d’équipement, d’environnement… L’immigration massive a défiguré certains quartiers. Mais le projet Tanger-Métropole, soutenu par le roi Mohammed VI, permet d’arrêter toute construction illégale et de redynamiser la ville et sa région. Tanger, qui était délaissée, rattrape enfin son retard. 

En quoi consiste le projet
Tanger-Métropole ? 
Il s’agit d’un vaste projet de développement urbain qui concerne tous les domaines : le tourisme, l’industrie, l’immobilier et le service. Dans le domaine culturel, le palais des arts et de la culture est actuellement en cours de réalisation. Nous avons entrepris une restauration de monuments historiques et de sites comme les grottes d’Hercule ou la Villa Harris. La médina sera aussi réhabilitée : le but est de développer son offre, d’uniformiser les enseignes, de classer les monuments qui possèdent une architecture typique. La médina de Tanger est un bijou d’architecture dont il faut conserver la spécificité. Par ailleurs, onze mosquées vont être construites et sept seront rénovées. Cette dynamique s’accompagne de programmes de mise aux normes des quartiers sous-équipés et de leur intégration dans le tissu urbain. Nous allons construire des hôpitaux, des écoles, des centres de santé… mais aussi une Cité des sports sur 60 hectares. Nous avons lancé des travaux de reconversion de l’ancien port qui va devenir un port touristique. 

Quels sont les chantiers les plus
emblématiques du projet ?
Construit en 2007, le complexe portuaire Tanger Med I situé à une vingtaine de kilomètres à l’est de Tanger est en cours d’extension. Il pourra abriter plus de 8 millions de conteneurs. Les usines Renault y sont implantées, ce qui génère énormément d’emplois. Tanger Med est un port très actif situé sur le -détroit de Gibraltar. 2 000 à 3 000 navires passent quotidiennement par le détroit. Aujourd’hui déjà, le port peut accueillir les plus grands navires au monde ! Il s’agit d’un pôle essentiel du bassin méditerranéen qui redonne un nouveau souffle à tout le Nord du Maroc. Les travaux d’extension – Tanger Med II – seront achevés en 2015. D’autres chantiers de grande ampleur accompagnent ce développement : en 2016, la toute première ligne de TGV en Afrique sera opérationnelle. Elle reliera Tanger à Casablanca en seulement 2 h 15 ! 

Comment la population rurale perçoit-elle ces changements ?
Nous n’avons pas oublié les campagnes et nous allons créer de petites zones -industrielles dans les centres ruraux pour dissuader leurs habitants de partir. Ils savent que la richesse économique ne se trouve pas dans le monde rural, mais la ville joue un rôle de locomotive qui profite à tous. Plus généralement, la population a pris conscience que, par son ampleur, le projet allait augmenter la croissance et le développement de toute la région, avec la multiplication des emplois et l’arrivée des capitaux. La dimension méditerranéenne de notre économie en sortira renforcée.  

Propos recueillis par ELSA DESBARESDES

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