À un angle de la place de France, le Gran Café de Parisest un havre entre la ville des années trente et le port. Je passe de l’ombre dense des ficus aux miroirs fanés de ce salon. Des hommes mûrs sont assis et contemplent le cœur de Tanger. Ils se ressemblent, dans leurs vêtements parfois d’un autre âge. En face, une lumière éblouissante frappe le mur du consulat de France. Les verres brillent dans la pénombre. Les vagues de voitures en bruit de fond tamisent les conversations. Aux murs, liège et ornements dorés datent d’un demi-siècle : sont–ils, avec les nappes de velours fatigué couleur brandy et les fauteuils arrondis capitonnés, un hommage aux Anglais ?

Selon mon ami Mohammed, c’est le café des Marocains bien éduqués de tradition cosmopolite. Ici, on peut héler les serveurs en quatre langues. Chaque client est accueilli comme un habitué. Les garçons servent sans empressement, ici une orange pressée et là un thé à la menthe ou un café cortado. Le soir tombant, à l’heure du paseo, le trottoir s’embrase d’incessantes allées et venues de passants et de promeneurs de tout âge. On y observe des personnages hauts en couleur, les vrais excentriques anonymes de Tanger.

En terrasse émergent quelques têtes venues d’ailleurs qui semblent dire « Je suis arrivé ! ».
Ici, chaque jour, la Providence arrange les rencontres. 

Le caractère désuet de ce lieu lui confère la qualité d’un café à l’ancienne, fidèle à l’époque internationale. 

Adresse : Place de France

 

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