Il arrive qu’un fonctionnaire de police arrondisse ses fins de mois en se livrant à de petits travaux de maçonnerie, de peinture ou de gardiennage… Dans le jargon du métier, ce travail au noir s’appelle « la tricoche ».

Le mot serait inspiré d’une ancienne pièce de théâtre, Tricoche et Cacolet, dans laquelle deux détectives privés, spécialisés dans les affaires d’adultère, se chargeaient de « recherches dans l’intérêt des familles ». Mais, selon une autre explication, le verbe tricocher viendrait de tricoter : une maille à l’envers et une maille à l’endroit pour se constituer un bas de laine… 

Rien n’interdit, en revanche, à un policier de démissionner de son poste pour se faire embaucher comme garde du corps ou responsable de la sécurité d’une entreprise. Là, il s’agit de « pantouflage », et l’origine du mot ne prête pas à discussion : les élèves de l’École polytechnique qui renoncent au service de l’État choisissent « la pantoufle », tandis que ceux qui sortent « dans la botte » accèdent aux meilleurs emplois dans l’Administration.

Emmanuel Macron, lui, s’est chaussé successivement – mais pas « en même temps » – de deux manières, par une belle figure de rétropantouflage : diplômé de l’Ena, inspecteur des finances, il a rejoint la banque d’affaires Rothschild, pour devenir ensuite secrétaire général adjoint de l’Élysée puis ministre de l’Économie. Ces aller-retour, qualifiés de « portes tournantes », sont de plus en plus fréquents, et le gouvernement souhaite les favoriser au nom de la mobilité. Une République vraiment en marche ne saurait se contenter de pantoufles, ni d’ailleurs de godillots : il lui faut des pompes tout-terrain. 

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