Refusant de se retirer de la course présidentielle malgré les injonctions de membres de son parti, François Fillon déclarait le 5 mars 2017 à la télévision : « J’entends bien les critiques, je ne suis pas autiste. » Les réactions des familles concernées ont été d’autant plus vives que l’épouse du candidat était la marraine d’une association de soutien aux personnes atteintes du syndrome d’Asperger et que lui-même avait attribué à l’autisme le label de « grande cause nationale 2012 » quand il était Premier ministre.

Mais François Fillon ne faisait que parler comme tout le monde, à gauche comme à droite : « autiste » est devenu une manière courante de désigner quelqu’un qui n’écoute personne et s’enferme dans sa tour d’ivoire. Comme si cette pathologie complexe était un refus de communiquer ! Un contresens similaire est fait quand on qualifie de « schizophrène » une personne ayant une attitude ambivalente : on réduit cette psychose à un seul aspect et on en fait une insulte.

Au lieu de se traiter d’autistes, nos responsables politiques feraient bien de se préoccuper des raisons pour lesquelles la France est en retard dans la prise en charge des autistes. Quant aux communicants qui concoctent des « éléments de langage » et aux journalistes qui répètent ceux-ci comme des perroquets, ils feraient bien de ne pas toucher aux maladies psychiques et aux divers handicaps. S’ils cherchent des mots qui font mouche, ils n’ont qu’à ouvrir le dictionnaire : la langue française n’en manque pas. Ou alors à faire preuve d’imagination, comme le capitaine Haddock, inventeur de l’ectoplasme à roulettes, du mérinos mal peigné et de l’amiral de bateau-lavoir. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !