Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou insistait récemment sur la situation diplomatique très favorable dans laquelle se trouve Israël depuis quelques années. Cet optimisme est-il justifié ? À bien des égards, oui. Sur le plan mondial, l’État juif entretient des relations diplomatiques avec 159 États, y compris avec des pays-civilisations comme la Chine et l’Inde. On mesure le chemin parcouru si l’on rappelle qu’en 1973, ils étaient seulement 65, essentiellement en Europe et dans les Amériques.

À l’heure actuelle, les relations bilatérales sont essentiellement stimulées par les échanges économiques et par la coopération en matière de sécurité. L’Inde en est un exemple particulièrement parlant. Les échanges entre les deux pays ont été multipliés par vingt-deux en une génération, passant de 200 millions de dollars en 1992 à 4,5 milliards aujourd’hui. Israël vend en outre annuellement pour 1 milliard de dollars d’équipement militaire à l’Inde dans le cadre d’une alliance stratégique en matière de défense et de renseignement. L’arrivée au pouvoir de Narendra Modi, membre du BJP, le parti de la droite nationaliste hindoue, a d’ailleurs conduit à un resserrement des liens au nom d’une lutte commune contre la menace islamiste. C’est, en outre, le premier chef de gouvernement indien à s’être rendu en Israël, en juillet 2017. Cette même idée d’un ennemi commun joue également un rôle déterminant dans les relations officieuses et discrètes qu’Israël a nouées au fil des ans avec certains États du Golfe en matière de sécurité (Bahreïn, Émirats arabes unis, Arabie saoudite), Israël communiant avec ces pays dans une même « obsession iranienne ». 

L’accord sur le nucléaire signé en juillet 2015 par l’Iran avec les puissances occidentales est ainsi vu négativement pour deux raisons : il ne fait que repousser – de quinze ans – la possibilité que l’Iran devienne une puissance nucléaire, et il ne dit rien des missiles balistiques. Par ailleurs, la présence militaire, et donc politique, iranienne va croissant, que ce soit par l’envoi direct de Gardiens de la révolution ou par le soutien à des milices chiites ou apparentées (c’est le cas en Irak, au Liban et en Syrie, au Yémen). Cette double inquiétude, Israël la partage avec l’immense majorité des États arabes sunnites de la région, à commencer par ceux avec lesquels il est lié par un traité de paix en bonne et due forme, comme l’Égypte et la Jordanie.

Dans ce Moyen-Orient traversé par le clivage majeur autour de l’Iran, la question palestinienne devient objectivement secondaire. Déjà affaiblis, après dix ans de schisme entre Hamas et Fatah, les Palestiniens, engagés dans un laborieux processus de réconciliation, sont aussi largement livrés à eux-mêmes. L’annonce de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël n’a ainsi suscité que de molles protestations du monde arabe. Cette marginalisation politique de la question palestinienne est tout bénéfice pour le gouvernement israélien, qui n’a aucune raison de se presser pour faire de véritables ouvertures diplomatiques et peut continuer imperturbablement sa politique de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem. Israël a encore moins de raison de faire un geste aujourd’hui, après l’arrivée de Donald Trump. 

Sous Barack Obama, les relations politiques de l’État juif avec les États-Unis ont été par moments tendues, en particulier autour de la question des implantations israéliennes, même si – il convient de le rappeler – le président démocrate n’a jamais remis en question l’alliance stratégique entre les deux pays. En septembre 2016, les deux États concluaient ainsi un accord qui garantit le versement, à compter de 2018, de 38 milliards de dollars d’aide militaire américaine, sur une période de dix ans – une somme sans égale dans la politique d’aides extérieures des États-Unis. Avec Donald Trump, les relations ont toutes les chances d’être plus chaleureuses dans la mesure où l’actuel président américain partage avec Benyamin Netanyahou une vision « occidentalo-centrée », qui fait de la confrontation avec un Islam gagné par l’extrémisme politique la nouvelle ligne de partage du monde. 

La situation géopolitique d’Israël est donc perçue par ses dirigeants comme globalement favorable, même s’il existe une préoccupation majeure quant au renforcement de la puissance iranienne. Cette confiance ne devrait toutefois pas faire perdre de vue que, sur le long terme, Israël ne pourra vraiment trouver sa place au Moyen-Orient qu’avec un règlement satisfaisant et durable de la question palestinienne. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !