NEW DELHI. Dans les quartiers chics de la capitale indienne, il n’est pas rare de croiser des berlines allemandes ou des 4 × 4 flambant neuf. Dès qu’une de ces voitures de luxe s’arrête à un feu rouge, des dizaines de mendiants, pour la plupart des enfants, essaient de glaner une dizaine de roupies (0,13 euros). Une fois le feu passé au vert, ils regagnent leur campement de fortune, installé à même le trottoir : un amas de bâches en plastique, de vêtements élimés et d’ustensiles de cuisines.

Une scène quotidienne à New Delhi. Malgré une croissance de 7,3 % en moyenne depuis dix ans, plus de 20 % de la population indienne vit sous le seuil de pauvreté, soit 270 millions de personnes. L’Inde reste un des pays les plus inégalitaires au monde : dans une étude publiée cet été, les économistes Lucas Chancel et Thomas Piketty estiment que le 1 % des plus riches du pays concentre 22 % du revenu national. 

L’Inde compterait un peu plus de 400 000 mendiants, selon le recensement de 2011. Un chiffre du gouvernement qui semble en deçà de la réalité : les services sociaux de Delhi en recensent 75 000, uniquement pour la capitale. En outre, la réponse des autorités est avant tout pénale. La mendicité est illégale à New Delhi, comme dans vingt et un autres États de la fédération indienne ; la police organise donc des raids pour reloger manu militari les sans-abri. Mais il est difficile pour les juges de statuer sur cette infraction. Derrière cette notion s’entrecroisent différentes problématiques : seuls 10 % des SDF vivant dans les centres d’hébergement de Delhi mendient pour survivre. 

Il est impossible de lister ce qui détermine cette misère : le paysan ruiné par une mauvaise récolte, l’ascète cherchant à atteindre la libération spirituelle, l’enfants mutilé par une organisation mafieuse, l’intouchable que le système de caste oblige à mendier... Mais des initiatives cherchent à aider ces oubliés de la croissance économique. Une des plus emblématiques : l’Anna Dan, des dons de nourriture à l’échelle de ce pays-continent. À Delhi, le temple sikh de Bangla Sahib distribue quotidiennement 10 000 repas gratuits aux plus pauvres. 

WILLIAM DE TAMARIS 

 

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