Depuis trois ans et demi que nous avons lancé ce drôle d’oiseau qu’est le 1, nous avons à cœur de vous offrir chaque semaine une information riche, accessible et diversifiée afin d’éclairer un thème majeur lié à notre époque, sans que l’actualité brûlante en soit forcément le moteur principal. C’est pour continuer de répondre à cette exigence qu’à partir de ce numéro, vous pourrez désormais lire ici un prologue. Plus que notre point de vue, il exposera les motivations nous ayant conduits à retenir le sujet proposé. Cette prise de parole vous permettra mieux encore de saisir nos intentions et de vous repérer dans l’« origami » du 1, de mesurer aussi combien chaque question, dans sa complexité, nécessite des regards différents afin de comprendre sans caricaturer. Il va de soi que vous retrouverez la poésie choisie depuis le premier numéro par Louis Chevaillier. Elle figure dès à présent au dos du journal, avec le mot de Robert Solé et le dessin proposé en alternance par Céline Devaux et Hubert Poirot-Bourdain.

À deux reprises déjà, au printemps dernier (no 105) puis au lendemain de sa prise de fonction (no 138), le 1 s’est penché sur le cas de Donald Trump. La première fois pour souligner que, malgré les réticences d’une bonne partie des Américains, Trump incarnait aussi l’Amérique. La deuxième fois pour brosser le portrait d’un personnage clivant, réputé pour son imprévisibilité. Un an après la sidération provoquée par son élection, nous avons tenté d’y voir plus clair sur le bilan réel du 45e président des États-Unis. Nous avons cherché quels ressorts profonds permettaient aussi à Trump de tenir, mettant en lumière les soutiens dont il continue à bénéficier, grâce notamment aux performances économiques et financières du pays.

Certes, les critiques sont nombreuses s’agissant des échecs du président. Par ses excès verbaux, par ses idées fixes – ériger un nouveau mur à la frontière mexicaine – et par son obstination à défaire ce que son prédécesseur Barack Obama avait fait, « le Donald » s’est attiré les foudres d’une partie de son camp, tout en voyant sa popularité tomber à un niveau historiquement bas. Les défections se sont multipliées dans l’entourage du président et l’administration connaît de graves dysfonctionnements. L’enquête russe menée par le procureur spécial Mueller semble se rapprocher du magnat de l’immobilier, à mesure que sont inquiétés d’anciens collaborateurs. D’autres noms pourraient suivre sur la liste des suspects d’intelligence avec l’ennemi, comme celui de son fils Donald junior ou de son gendre Jared Kushner. L’opposition démocrate se prend dès lors à espérer qu’une procédure d’impeachment pourrait interrompre ce mandat en bien des points calamiteux. Mais rien n’est moins sûr, car il s’agit d’un processus long et complexe et, à ce stade, les élus républicains ne semblent guère enclins à le lâcher – ce serait lâcher la proie pour l’ombre. N’oublions pas enfin que pour nombre de « Blancs en colère » qui l’ont élu, Trump continue d’incarner le rêve américain. Pour combien de temps ? 

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